« Je te préviens Anna il est complètement hors de question que tu ailles vivre avec lui ! » Je lançais un regard mauvais à ma mère. Sous prétexte que Liam n’était pas « d’une bonne famille », ils considéraient que je gâchais ma vie avec lui, vraiment n’importe quoi.
« Et tu crois que tu es vraiment en mesure de m’en empêcher ? » Ma voix était légèrement montée dans les aiguës, j’en avais marre de passer pour une foutue adolescente attardée mais j’avais 22 ans et j’étais en âge de pouvoir décider avec qui je voulais faire ma vie… Et puis franchement, cela faisait plus de quatre ans que nous étions en couple, ce n’était pas comme si nous faisions les choses de façon précipité.
« Je te préviens, si tu continue à gâcher ta vie avec ce petit militaire de bas étage, nous arrêtons de te financer tes études. Autant aller droit dans le mur jusqu’au bout. » C’en était trop, j’en avais marre d’entendre du mal sur l’homme de ma vie. Jusque là j’avais fait des efforts sous prétexte qu’il s’agissait de ma famille mais entre Liam et eux je choisissais Liam sans aucun doute.
« Et bien faites donc, je me débrouillerais sans vous. De toute façon vous êtes devenus puants et hypocrites. Tu crois que c’est plus noble que tenir une pauvre galerie d’art c’est plus noble que militaire ? Lui au moins il se bat pour son pays, tu crois que tu peux en dire autant ? Sans l’argent de ton grand-père on serait rien du tout alors merci bien… » Je partais en claquant la porte, si ils voulaient faire un pas vers moi il le ferait.
***********
Mon corps tout entier me faisait mal, même ouvrir les yeux me paraissait être un effort difficile voir surhumain. Pourtant je finis par me lancer et ouvrit les paupières. Deux personnes me regardaient un air grave sur le visage. Vu leurs mines inquiètes je devais les connaître mais pourtant ils ne me disaient rien, deux inconnus.
« Ma chérie ça va ? » demanda la femme.
« Euh oui, je crois. Mais… Je crois que je ne sais pas qui vous êtes. » J’agitais douloureusement la tête avant d’ajouter
« Je crois que je ne sais même plus qui je suis. » Vide, j’avais cette sensation d’être une putain de page blanche avec tout une histoire à écrire.
« Nous sommes tes parents ma puce et toi tu es Anna Joyce. » « Anna Joyce ? » Demandais-je perplexe. Je désignais une pancarte à côté de moi.
« Pourquoi il y a écrit Anna O’Connell alors ? » La femme parut troublée quelques secondes.
« C’est parce qu’ils se sont trompés, il s’agit de mon de jeune fille, on t’a donné les deux mais on utilise quasiment que Joyce. » Sans que je sache réellement pourquoi, je ressentis une pointe de doute. Mais si cette femme était ma mère, quelle raison avait-elle de me mentir ?
***********
Deux longues semaines à l’hôpital et j’étais enfin libre. Visiblement la cause de mon amnésie était un hématome sous dural, les médecins avaient bonne espoir qu’en se résorbant mes souvenirs reviennent. Je l’espérais aussi, j’avais l’impression d’être une étrangère dans mon propre corps ce qui était franchement pénible. Tous les gens que je croisais avaient l’air de mieux me connaître que moi-même. N’empêche que je ne devais pas être vraiment quelqu’un de très populaire étant donné que personne n’était venu me rendre visite à l’hôpital. Pas franchement très réjouissant… Je jetais des coups d’œil à droite et à gauche en entrant dans ma chambre.
« C’est bizarre on ne dirait pas vraiment une chambre de fille de 26 ans. » J’avais l’impression que personne n’habitait plus ici depuis longtemps. L’ordinateur me paraissait complètement dépasser par rapport à ceux que j’avais vu à l’hôpital.
« C’est parce que tu étais très concentrée sur tes études pour être substitut du procureur et puis sur ton travail, la décoration n’était pas vraiment ta priorité. » Soit. Pourtant tout ce que sortait de la bouche de cette femme sonnait comme faux à mes oreilles, je ne m’expliquais pas vraiment pourquoi… Depuis quelques jours je rêvais d’un homme brun aux yeux bleus, je n’avais osée lui en parler. Préférant garder ça pour moi. Je n’avais pas envie d’entendre la réponse qu’elle allait me donner à son sujet. Peut-être n’était-il qu’une illusion, mais il était mon illusion et je n’étais pas prête à la partager.
***********
« Non Anna, tu ne sortiras pas. » Ma mère se tenait devant la porte les bras croisés. Je roulais des yeux – geste qu’il semblait que je faisais à chaque fois que quelque chose me paraissait grotesque.
« Écoute, je ne sais pas comment était la Anna d’avant l’accident, peut-être était-elle plus casanière que moi. Mais j’étouffe ici. J’ai besoin de sortir un peu. » Je ne comprenais pas ce qui pouvait la contrarier à ce point.
« De toute façon je ne risque pas d’aller bien loin avec ça. » Dis-je en agitant mes béquilles. Durant mon accident de voiture, j’avais eu une jambe cassée – en plusieurs fractures – la guérison risquait d’être longue alors autant que je m’habitue à marcher avec des béquilles. A force de persuasion je finis par avoir gain de cause. Franchement, plus le temps passait et moins je comprenais cette femme. Une semaine qu’elle inventait toutes les raisons possibles pour que je reste enfermée ici.